L’attachement profond à sa culture ancestrale ne cesse de fasciner plus d’un, tant l’histoire des Bamiléké foisonne de légendes toutes aussi impressionnantes les unes que les autres. Pour en savoir plus sur l’un des peuples qui singularise la région des Grassfield des Hauts Plateaux camerounais, rien de mieux qu’une incursion dans la mémoire du temps.
Descendants des Baladis partis de l’Égypte au IXe siècle de notre ère, les Bamilékés arrivèrent en région tikar vers le milieu du XIIe siècle avant de se diviser vers 1360 à la mort de leur dernier souverain unique, le roi Ndeh.
Yende, premier prince, refusa le trône et traversa le Noun pour fonder Bafoussam. Sa sœur se tourna vers la région de Banso (il existe près d’une trentaine de villages bamilékés dans le Nord-Ouest anglophone, ndlr). Deux décennies plus tard, Nchare, le cadet, descendit dans la plaine du Noun pour fonder le pays Bamoun.
De Bafoussam, qui, avait jadis une superficie de 6203 km2, pour 1.182.686 habitants répartis dans 7 départements, 32 arrondissements et 32 communes, ndlr) naquirent quasiment tous les autres groupements Bamilékés connus entre le XVe siècle et le XXe siècle.
Chefferies Supérieures Haut Nkam
Les groupements sus évoqués avaient entre autres chefferies supérieures :
Celle du Haut Nkam I dans l’arrondissement de Bafang Banka. (Nka’) signifiant Lumière, la lumière éclaire les gens et leur permet de voir, ndlr. Le terroir a donc connu plusieurs monarques pour présider aux destinées des Bafang -(Fa’) venant en réalité de Mfat (qui signifie Poomaa entendez, frère, ndlr) lequel fut mal compris du colon qui lui donna la terminologie qu’on lui connait aujourd’hui, ndlr-.
Le 1er roi de Bafang, qui régna pendant 40 ans de 1645 à 1685, s’appelait Djatchoua. Les plus remarqués à sa suite sont entre autres, Nganjui Gaston, le 11ème monarque et depuis 1962 Kamga Nganjui Rene, le 12ème.
L’arrondissement de Bafang, fut le théâtre de nombreux affrontement entre les actuels Banfelouk (jadis connus sous le nom des Mvilooh) et donna naissance à d’autres regroupements. De fait, ces populations de Vhi (qui est un quartier du village Bafang ndlr), se livraient habituellement à des guerres contre le reste de la communauté Bafang, jusqu´à ce qu’elles furent défaites par les Bafang.
Après leur capitulation, les Vhi devinrent esclaves des Bafang, jusqu’à ce que Nga’bi, un enfant du chef Vhi refuse d’accepter ce statut et s´en aille vers Lok (un endroit plein de pierres dont les gens qui y vivent avaient la réputation d’être aussi solide que le fer, ndlr), où il devint chef.
C´est ainsi qu´on les rebaptisa Mvilok (les Vhi qui sont allés s´installer sur les pierres et sont solides et durs comme la pierre et le fer, ndlr).
Le reste de la communauté Bafang qui est demeuré après le départ des Vhi, est composé de:
-Les Bana (BaNee,qui signifie en langue Fèfè, le fait d’insister, un harcèlement, poursuivre avec acharnement, quand ils ont besoin de quelque chose, ndlr) ;
-Les Batcha (Tcha’), (entendez, terre fertile ou visiter. On y rencontrait beaucoup de gibier et les gens aimaient s´y rendre pour visiter et s´approvisionner, ndlr) ;
-Les Bandja (Ndjeu), dont fait partie le village Fondjomekwet. Situé à l’Est de l’arrondissement, ce groupement dirigé par le Chef David Kamga, compte quelques 10.000 habitants, et a pour principales Sous-Chefferies : La’acheu Djifo, Deumchang, Toula, Bakouocha. Le Café robusta et le Cacao sont les principales cultures industrielles de cette localité.
Comme autres villages du Haut Nkam, l’on peut citer Babouantou, Foutouni, Fondjomekwet, Fondat, Mbeobo, Folentcha, Babouantou, Foyemtcha, Fongoli, Badounka, Babouate, Balembo, Fondjomeko, Baboutcha Nitcheu, Fonkouankem, Bafenko, Bapoungue, Fombele, Kekem, Fonti, Babone, Bassap, Fontsi, Bakassa, Bakondji, Baboutcha Ngaleu, Badoum Kassa, Fomessa I, Bakou Fotsinga, Fondjati, Bamako, Bankambe, Fopouanga, Baboutcha Fongam, Balouk.
Chefferies Supérieures Nde Bangante
A côté des Chefferies Supérieures du Haut Nkam, il y a également les Chefferies supérieures ou principaux groupements du Nde Bangante.
En langue Bamileké Magha, Banganté (signifie, je refuse, ndlr). En effet, le mot Gha’ntua’, est une marque de refus de se soumettre, ndlr.
A côté du groupement de Bangante, on retrouve également celui des Bangoua qui comme Batoufam, fut fondé par un chasseur venu de Badrefam. Il est aussi peuplé des communautés venues de Fongo-Tongo et de Badoundja (quartier Mvú).
Quant au regroupement Bamena -entendez Meno ou Meneu en Bamiléké, ndlr-, il fut fondé par un chasseur venu de Baloum (dans le département de la Menoua, ndlr). Ensuite vous avez le regroupement Bangoulap (lisez, Ngoulap, ndlr), qui est une fille de la chefferie de Bangou.
Comme autres villages du Nde vous avez : Batchingou, Balengou, Bangang Fokam, Bazou, Bakong, Bahouoc, Bassamba, Badounga, Maha, Bagnou
Les Chefferies supérieures Bafoussam Bandjoun
C’est dans la Mifi que l’on retrouve ces grands regroupements.
Bandjoun (Djo), qui signifie acheter ou acheteur, en bamiléké, (ndlr), tire son origine de son fondateur qui avait la réputation de tout acheter (vivres et esclaves) pour enrichir son peuple.
Comme autres regroupements de cette grande aire géographique, il y a :
-Les Bangou, dont le vrai nom tel qu’appeler par ses habitants et ses voisins, est Niep ;
-Les Bayangam (Yonguem, entendez qui a vu les sauterelles les premiers, ndlr) ;
-Les Baham (homme qui presse, ndlr) et les Bawang (wang) qui sont des chefferies sœurs ;
-Les Bamendjou (Mendjo) aussi appelé Petit Ndjo par un prince Baham.
-Les Batie’ dont (Te’) signifie bousculer, pousser, (ndlr) fut appelé ainsi à cause de ses conflits avec les voisins.
-Les Bafoussam, dont la ville éponyme fut fondée en 1926 de Bafoussam-village, signifie langue Bamiléké Fù’sap (fù’sâ), le trésor de la tranchée. En effet, la portion de terre à côté de la tranchée qui séparait Bamun et Bafoussam actuel était très riche. On la baptisa donc fù’sap. Ses premiers habitants sont venus de Bamun (précisément de la plaine Tikar, ndlr) comme les Baleng dont ils sont frères.
-Les Bamougoum : A l’origine, ce sont quatre frères de même père qui se sont partagés la contrée. L’un prit une part qui est l’actuelle Bameka, l’autre prit une autre qui est l’actuelle chefferie de Bansoa, le troisième prit une part qui est l’actuelle chefferie de Bamendjou, et le quatrième prit la part qu’il nomma Bamougoum. Les Bameka ou Meka (ceux qui se promènent), sont les enfant de Ka (car le premier chef s’appelait Ka) entendez, qui se promène (ndlr).
-Les Balengsam (Leng sap, le viseur ou le fort, ndlr).
Les autres villages de la Mifi, du Koung Khi et des Hauts Plateaux sont : Badeng, Bapi, Baleng et Bangang Fondji, Batoufam, Bandrefam. Bameka, Bangam, Bapa, Boandenkop, Bahouan.
Chefferies supérieures de la Menoua Dschang
Comme plusieurs localités du Cameroun, de nombreuses dénominations que l’on connait de certains villages et autres villes, sont le fait de déformation linguistique. C’est d’ailleurs le cas, de la ville de Dschang. En effet, si le grand chef de ce village s´appelait Leke’ane Fo, Leké’ n’étant rien de moins qu’une abréviation de Leke´ane, comme l’imposait l’usage du fait de la longueur de certains noms, le nom du village quant à lui n’était autre qu’Atsan.
Ainsi, la prononciation originale Foleke’atsan, qui se comprend simplement le Chef Leke de Atsan, ne fut hélas pas saisie de prime abord par les colons allemands, qui le retranscriront en Foreke-Dschang Baloum, tel que connu aujourd’hui.
S’agissant des Baloum, il est admis selon des témoignages, que le premier chef du groupement Baloum (Loum signifiant colique, maux de ventre en bamiléké, en bamiléké, ndlr) vint de Dschang. Réputés pour leur extravagance et leur esprit de corps, l’on raconte que lorsqu´un des leurs était attaqué sur la place du marché, tous les autres Baloum présents accouraient à son secours.
Si la réputation Baloum est auréolée de bien d’éloges, celle des Bamendou en est quelque peu moins nantie. De fait, Mendou signifie faiblesse ou encore maigreur en langue Bamiléké (ndlr).
L’on raconte que les ressortissants de ce village venus de Bagam ont fini par porter cette appellation «parce qu´ils passaient tout leur temps à danser, ce qui était considéré comme l’occupation des paresseux et des faibles». Bien que Foladin, fut le premier habitant de Bamendou, c´est son serviteur Ka’tsie, un habile chasseur, qui fonda le village.
Comme Bamendou, c’est un chasseur venu de Bagam qui fonda le village Balessing (Lessing) entendez qui a peur, qui tremble, ndlr. Ce dernier réussit par ses ruses à conquérir beaucoup de terre. Voici du reste, la lignée des différents chefs de ce groupement : Tetapoua-(Foyonta)- Youta- Tegouatioc- Ngouana -Tiognin.
Il faut cependant souligner que bien que les villages ne portent pas la même signification, des sources dignes de foi, attestent que les Balessing sont de même famille que les Bamendou, les batouni et les bagam. Friand de pétillantes boutades, un proverbe Bamileké dit d’ailleurs : “Quand un Balessing part, vous croyez qu´il rentre”.
Né en 1910 à la suite de l’exil forcé de Fo Taghe de Bafoussam, Bansoa, fait partie des localités qui alimentent les mythiques légendes du pays Bamiléké, à cause du Sâ -entendez Sorcellerie, magie, dont les ressortissants sont réputés être d’habiles utilisateurs, ndlr-.
En effet, l’existence de la confrérie kougang –l’une des sociétés secrètes les plus connues et respectées en pays Bamiléké-au sein de la Chefferie Bansoa, y est pour beaucoup. Doté de nombreux rôles importants de premiers plans, au sein de la chefferie, la confrérie Kougang contrôle les actions du chef, et veille à la protection du village. Cette influence, constitue de l’avis de plusieurs experts, un véritable contre-pouvoir à celui du chef qui doit toujours se référer à elle pour toute décision importante à prendre. Et ces décisions sont sans appel. Et chacun doit les respecter sous peine d’être frappé de mauvais sort.
Au départ, la population était très têtue et pratiquait la sorcellerie grâce à laquelle elle était difficilement vaincue. Il est d’ailleurs dit que dans cette confrérie, les membres ont la réputation d’avoir les pouvoirs particuliers, tels que manger des aliments crus, faire pousser un bananier à une vitesse éclaire, avaler des objets tranchants et contrôler les éléments de la nature, ndlr.
Comme autres villages de la Menoua, on a Baleveng, Bafou, Fokoue, Fomopea, Fotomena, Fontsa-Toula, Santchou, Fombap, Fondemera, Foreke, Fossong Wetcheng, Fotetsa, Fongo Ndeng, Foto, Foto Tongo, Fossong Elelem.
Chefferies supérieures ou principaux groupements Bamboutos Bangang
Pour terminer cette odyssée sur les traces du peuple Bamiléké, rien de mieux que d’évoquer les Bamboutos Bangang (entendez, qui aime la vérité, ndlr).
Bangang, est en effet un important groupement du département de Bamboutos. Il donna naissance à quatre chefferies traditionnelles : Balessing, Batcham, Balatchuet, et Bamunoh. Batcham (qui signifie ” Hospitalier “, ndlr) a souvent servi de refuge pendant des guerres aux gens qui allaient s’y cacher. A côté de Batchm, il y a la Chefferie Babadjou qui signifie conquis par les armes. Après elle, il y a Bagam (Gang) -ngan (nie) (antilope) un animal bien répendu dans la localité.
Ensuite, il y a la Chefferie Bamissingue -qui veut dire élastique-. Ce village a été fondé par Fombu’ngong auquel ont succédé Folamawa, Fotoumatset, Fokelenkou, Konlak1.
On retrouve également dans les Bamboutos, le Bamete (Pà tùie’ ngo’ kà tso‘ qui signifie “ceux qui soulèvent une pierre inamovible”. Ils sont avec les Bamendjinda, Bamenkombou, Bafounda, Bam endjo bamesso, des enfants d’une même mère.
D’après la légende, ils rencontrèrent un jour une grosse pierre qu’ils s’efforcèrent les uns après les autres de la soulever et de la déplacer. Les Bamete furent les seuls á soulever et à déplacer la pierre. Les Bamenkombou, ne furent pas assez intelligents pour comprendre les ruses des Bamendjinda. D’où leur nom de Menkombou. Frère des chefs Bamesso et Bamete, il vint de la plaine de Ndop. Bamesso (So‘, signifie instable). Comme autres villages Bamboutos on a les Balatchi, Bamougong, Bafounda, Bamendjo.